Oleïa
Philo & Yoga
Le projet
Yoga & Philo
Thérapies de l'âme
Voies d'accès à la transformation de Soi
Le yoga et la philosophie ont tous deux pour élan l'émerveillement : l'émerveillement face à l'univers, que celui-ci soit intérieur ou extérieur. L'étonnement et la curiosité sont les moteurs de ces deux chemins qui visent, chacun à leur façon, une quête de libération de l'âme. Ces deux pratiques sont, de part leurs origines culturelles différentes, l’une orientale, l’autre occidentale, complémentaires et nous offrent chacune un angle de vue particulier pour appréhender le monde, à condition de désirer les associer dans un même but : celui d’apprendre quelque chose sur soi, dans un désir de sagesse et d’apaisement. Elles ont pour point commun la méditation et la transformation intérieure, elles choisissent toutes deux d’emprunter le chemin de la non-violence pour nous aider à suivre le mouvement de la vie, caractérisé par son impermanence, son changement perpétuel.
Méditations yogiques
Quête de connaissance de soi, de discernement, de lucidité et de sagesse
Le yoga est une philosophie orientale millénaire basée sur une pratique corporelle, psychique et spirituelle, qui vise à l'union du corps et de l'esprit. Le corps est alors au centre du processus, il est le véhicule par lequel progressivement l'homme expérimentera l'union, l'au-delà des contraires, la dualité entre corps et esprit sera dissoute. Issu de la racine "yug", yoga signifie unir, joindre, il vise une unité. Avant d'être une pratique spirituelle, il est avant tout une voie du discernement qui permet d'accéder à un dévoilement. Pour cela, il est nécessaire de revenir à soi, recréer un lien profond avec soi-même, s’écouter, vouloir se libérer de ce qui entrave son authenticité et se laisser transformer par sa vérité intérieure, celle qui jaillit des tréfonds de l'être. Ainsi, au fil de la pratique, les pensées agitées se calment, la dispersion ralentit, l'instabilité s'apaise, et survient la clarté mentale. Alors, dit la légende, comme au fond d’une eau claire, il nous est possible d’apercevoir le trésor qui y est déposé. Et cette clarté mentale a pour objectif svadhyaya, l’étude de soi, dimension essentielle de la pratique du yoga. Le yoga ouvre à son monde intérieur, à l’étude de notre Soi profond. La méditation nous apprend à Être tout simplement, c'est à dire à être dans une relation vraie, honnête et authentique avec soi.
Voie de détachement, équanimité et acceptation de l’impermanence
Dans le Yoga, l’action, à travers la pratique de la méditation est une épreuve de détachement vis-à-vis du résultat, ou de son fruit, mais aussi du désir qui l’anime, des possessions ou des situations qui peuvent en suivre. Ce détachement par rapport au temps et aux passions personnelles ne signifie pas la perte de la motivation à agir, ni le manque de remise en question de ses propres actes, mais l’acceptation de ce qui ne peut pas être changé, l'acceptation de l’impossibilité de maîtriser entièrement les effets de ses actes ou des événements de la vie.
Les postures de yoga : métaphores des contraintes de la vie
Ainsi, le yogin, lorsqu’il passe d’une posture à l’autre avec grâce et fluidité, avec une attention et une respiration profondes, sans devancer le résultat, détaché de l’accomplissement, de la réussite ou de l’échec de son exercice, il tente de transposer cette attitude dans sa vie quotidienne et dans ses relations aux autres et à son environnement. Comme la posture qui semble au début être une contrainte que l’on impose à son corps de manière extérieure, avec la patience et l’assiduité dans l’exercice, devient agréable, reposante, fortifiante, c’est ainsi que le yogin peut tenter d’aborder les difficultés, comme des moments opportuns et une chance pour reconnaître la vie elle-même dans tout son éclat, en gardant à l’esprit qu’il n’est pas en son pouvoir de les contrôler mais les reconnaître comme des passages qui peuvent être apprivoisés dans une attitude de présence. Il peut donc expérimenter les postures, comme des métaphores ou des figures qui représentent les contraintes de la vie, car, malgré leur difficulté au niveau corporel et mental, elles peuvent permettre de méditer longtemps et suivre en accord le mouvement de l’esprit, avec discernement, équanimité et même avec émerveillement, le même qui est à l’origine de l’attitude philosophique.
Méditations philosophiques
La philosophie occidentale est née en Grèce durant l'Antiquité, elle puise ses fondations sur la technique de la maïeutique de Socrate ou "l'accouchement des âmes". Le terme "méditation" prend sa source dans le terme grec melête, qui signifie "s’exercer". Le terme "philosophie", quant à lui, vient de philosophia, "amour de la sagesse". La méditation philosophique peut signifier très simplement s’exercer à aimer la sagesse.
La philosophie antique : la philosophie comme manière de vivre (Pierre Hadot)
La philosophie n’est pas seulement un discours théorique sur le monde et sur l’âme, la philosophie antique est avant tout une manière de vivre, d’être, de se comporter, un mode de vie, qui implique un processus de transformation de soi, en vue d’atteindre la sagesse. Dans l'Antiquité, la philosophie est essentiellement dialogue, plutôt relation vivante entre des personnes, que rapport abstrait à des idées. Elle vise à former, plutôt qu'à informer. A travers le travail philosophique, chacun d’entre nous a cette possibilité, cette opportunité de s’exercer à la sagesse. Celle-ci s’acquiert notamment par la pratique des exercices spirituels qui sont la mise en œuvre de pratiques, de techniques dont le but est d’effectuer une transformation profonde du moi. On parle volontiers de la philosophie antique comme thérapie de l’âme. Dans le Phédon de Platon, Socrate rappelle dans ce dialogue ce qu’est la philosophie : une préparation à la mort. Qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? Que la philosophie est un mode de vie qui implique pour l’individu de préparer son âme au moment de la mort. Et cette préparation consiste, pour l’âme, à se détacher progressivement du corps. La philosophie, dans ce contexte, n’est pas seulement un discours sur l’âme, mais un processus thérapeutique, une thérapie de l’âme qui doit amener l’âme du philosophe à se détacher progressivement du monde sensible et de ses attaches corporelles. On retrouve, dans la philosophie antique de manière générale, et dans le stoïcisme en particulier, ce même objectif thérapeutique : le but de l’éthique stoïcienne, c’est la tranquillité de l’âme, l’ataraxie, c’est-à-dire précisément l’absence de troubles psychiques.
Le Yoga, une préparation physique à la méditation philosophique
En venant s'enraciner dans son corps, on retrouve un espace de liberté pour respirer, on prend conscience de l'unicité de son monde intérieur. Le yoga aide à reprendre son souffle, à se centrer, à vivre en conscience. Le yoga créé alors un état de disponibilité, d'ouverture et d'accueil. Et la philosophie c'est l'art de se questionner, de remettre en question, de déconstruire ses préjugés, de douter. La préparation corporelle et émotionnelle prépare ainsi à la mise en mouvement de la pensée. Une fois le corps plus disponible, l'esprit est plus ouvert. Articuler le yoga et la philosophie, c'est remettre le corps au coeur du processus de réflexion, prendre conscience que le corps et la pensée sont intimement liés, c'est arrêter de vouloir les cloisonner, sentir qu'ils se répondent et évoluent, se construisent ensemble, l'un et l'autre, dans un mouvement de va et vient continu.
La philosophie ouvre à de nouvelles perspectives, à la remise en cause de ses croyances, de ses préjugés. Elle nous ouvre à la quête de la vérité, de la nuance, de la complexité. La méditation philosophique nous aide en travaillant selon deux voies. Premièrement en méditant les actes connus qu’il nous faut réaliser ou de potentielles actions à mener. Il s’agit ici d’anticiper son comportement à venir en fonction de la façon dont nous voulons qu’il soit. La question méditative préalable est donc : comment est-ce que je veux me comporter face à cette action qui est en passe d’advenir ? Autrement dit, la méditation précède ici l’action, que celle-ci puisse avoir lieu dans un futur très proche comme lointain. La deuxième voie consiste en la mise en perspective d’actes réalisés. La méditation est ici a posteriori. Il s’agit d’une réflexion qui porte sur une action déroulée, une expérience passée et sur laquelle il s’agit de revenir pour analyser ce qui s’y est réellement joué et d’apprendre pour une fois prochaine. L’acte méditatif a posteriori va chercher la chronologie des événements, repenser l’attitude, les réflexes que nous avons eus : Y a-t-il eu une perte de la maîtrise de soi ? Y a-t-il eu du dénigrement de soi ou des autres ? Cette forme de méditation n’a qu’un seul objectif : analyser les conséquences sur notre moi profond, notre conscience, notre esprit. Le véritable enjeu est de faire en sorte que les difficultés vécues soient pondérées, relativisées par la méditation et que finalement elles nous affectent moins. La finalité de la méditation philosophique n’est rien moins qu’une modification du comportement à l’endroit des actions que nous accomplissons.
Du point de vue du Yoga, les conséquences négatives des actions passées incitent l’homme à chercher des moyens pour éviter ce qui provoque en lui des effets déplaisants et pour tenter de rendre sa vie plus agréable à l’avenir. Il découvre alors la nécessité de faire un changement au niveau physique et psychique, toutefois il ne peut pas toujours maîtriser les évènements, d’où la nécessité de pratiquer dans la méditation l’attitude de détachement face à la vie et ses changements constants. La capacité de se libérer des actions à venir de celles du passé, un passé souvent perçu dans la conscience comme une fatalité inchangeable, grâce à la méditation yogique, peut être perçu de manière plus positive, comme une expérience, une occasion ou une leçon de sagesse précieuse. Les réactions ancrées comme des habitus, aussi bien corporelles que psychiques, peuvent être observées dans la méditation et reconnues dans l’exercice postural à travers les gestes, le rythme respiratoire, les facilités ou les difficultés qu’éprouve le yogin au cours de sa pratique. Grâce au ralentissement du flux de la pensée et l’apaisement du corps qui suit l’exercice postural par exemple, le yogin peut adopter une attitude plus vigilante afin d’embrasser la nouveauté propre et unique à chaque situation sans toutefois se l’approprier et s’identifier directement.
Au gré des ateliers yoga et des ateliers philosophie, il y a un cheminement interne, une prise de conscience de la réalité de son monde intérieur, de ses ressentis, ses émotions, ses pensées. Ce chemin vers soi nous enseigne à être à l'écoute de nous-mêmes, à nous asseoir, à prendre notre place, à nous affirmer en prenant conscience de notre unicité. On apprend à s'affranchir de ce qui entrave l'épanouissement de notre authenticité, à retrouver sa liberté d'être, de penser, d'exister. Une fois l'assise effectuée, une fois bien ancré en soi, le mouvement continue vers le monde extérieur, vers autrui. Par le dialogue, l'écoute, la déconstruction des préjugés, l'esprit critique, une pensée -- née d'une réflexion co-construite émergeant des singularités -- prend forme. Nourris par les sentiments d'empathie et de compassion qui se développent, on redécouvre autrui, on l'écoute, on construit avec l'autre, on apprend à être en paix dans le désaccord, on commence à goûter à la nuance et la complexité. Petit à petit, les liens humains se tissent et se dessine l'émergence de la solidarité, l'entraide, le vivre ensemble, l'humanité !
(1) Pour présenter ce projet je me suis largement inspirée de cet article : La méditation philosophique et sa résonance dans le yoga. Et je les remercie :)) Source : http://iphilo.fr/2015/05/22/la-meditation-philosophique-et-sa-resonance-dans-le-yoga-xavier-pavie-gemma-daou/
Les hindous racontent l’histoire des six aveugles qui touchent chacun une partie distincte d’un même éléphant et qui sont, par conséquent, tous persuadés d’être confrontés à des objets sans relations les uns des autres. Chaque point de vue est juste, mais limité. Aucun ne révèle l’objet dans sa globalité. La vérité est trop vaste, trop complexe, inaccessible à la pensée humaine dans sa totalité et sa diversité, et l’homme peut seulement adopter un point de vue particulier, une perspective limitée sur cette vérité. La vérité peut être révélée dans sa complexité grâce à la mise en relation de la multitude des perspectives singulières.